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L'idéal du Sâddhu

12/03/2014

L'idéal du Sâddhu

Le sâddhu a renoncé à la vie en société et à la compagnie des hommes. Son appel à lui est ailleurs, d’autres ont à s’occuper des affaires de ce monde. Le sâddhu lui, se tient près de la Source.

La règle fondamentale du sâddhu est de n’avoir aucun désir, ou plutôt, de n’avoir qu’un désir, le désir de Dieu seul. Il ne cherche donc aucun des plaisirs que procurent les choses de ce monde. Aussi longtemps qu’il vit dans ce corps de chair, il lui faut de la nourriture pour sustenter ce corps, de l’étoffe pour le couvrir et le protéger du froid et de la chaleur. Pour sa nourriture, la règle est qu’il doit la prendre comme on prend un remède, jamais pour le goût, juste comme une nécessité «indispensable pour le maintien du souffle vital».

 

Le régime est strictement végétarien. La Mundaka Upanishad recommande en outre la pratique de la bhiksha, c’est-à-dire de vivre uniquement de nourriture mendiée. En fait, le sâddhu n’a pas de maison où il pourrait garder le feu, et d’autre part, même cette distraction de préparer les aliments devrait lui être épargnée.

 

L’absence totale de sécurité et de toute installation en ce monde est l’essence même du sâddhu. Finalement le sâddhu n’a plus d’acte à accomplir (de karma), il a été libéré de tout devoir en ce monde. Même envers son corps. Il ne peut plus gagner sa vie, car toute son activité est concentrée sur le regard intérieur.

 

Sa pauvreté tout autant que sa liberté souveraine se manifeste dans son vêtement. Le sâddhu couvre son corps comme il se nourrit. Le vêtement diminue au fur et à mesure que son porteur s’enfonce dans l’expérience intérieure. Finalement, le sâddhu se contente d’un linge passée entre les cuisses (kaupînam), ou mieux encore, rien du tout.

 

 

 

Libre de tous soucis et de tous désirs, le sâddhu s’en va à travers le monde comme quelqu’un qui n’a rien à faire avec ce monde. Rien ne l’affecte. Il est comme un aveugle, un sourd et muet disent les tantras (textes anciens et sacrés). Il ne se considère ni au-dessus, ni au-dessous de qui que ce soit. Dans sa vision de l’âtman du Soi, il a transcendé tous sens de différence.

 

Le sâddhu n’a plus de demeure à soi, il va de lieu en lieu, selon les circonstances et l’inspiration du moment. Au pied d’un arbre, dans une grotte, au bord d’un fleuve, mais jamais dans une maison aménagée. Les seuls lieux qui lui sont défendus sont ceux où il a vécut auparavant et ceux enfin où il pourrait rencontrer ses parents ou ses relations d’autrefois. Les écritures lui permettent cependant d’arrêter son errance durant les quatre mois de la saison des pluies.

 

Encore une fois, la hutte ou la grotte où il se retire alors doit être juste ce qui est indispensable pour le mettre à l’abri des intempéries.

 

 

Le sâddhu a renoncé à la vie en société et à la compagnie des hommes. Son appel à lui est ailleurs, d’autres ont à s’occuper des affaires de ce monde. Le sâddhu lui, se tient près de la Source. Ce n’est point son affaire de s’occuper des barrages et canaux d’irrigation qui se construisent en aval. Son travail à lui, c’est de veiller à ce que l’eau coule à flot de la Source même.

 

Le sâddhu n’a aucune obligation d’aspect visible et mesurable envers la société humaine. Pour le sage qui a découvert son vrai Soi, il n’y a plus finalement ni ville ni forêt, ni vêtement ni no-vêtement, ni faire ou non-faire. Il vit dans la liberté de l’Esprit, et à travers lui, à son gré.

 

Quand le sage a passé au-delà de «son propre soi», de sa «propre vie», son être, son agir, sa paix, sa joie, sont dans le Soi seul, le seul Soi réel, le parama-âtman. Tel est le véritable idéal du sâddhu.

 

 

 

 

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