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Asso YOG'ART est une association régie par la loi du 1er Juillet 1901 - Asso YOG'ART a pour objet la diffusion et l'enseignement du yoga à travers l'organisation de séances pratiques, de stages... Le yoga que nous proposons est un yoga traditionnel. Il est très simple d'approche, et convient à tous les niveaux, débutant et plus.
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23/12/2021
Les bîjas sont des phonèmes mono syllabiques. Ils sont de véritables germes de pouvoir présents au sein de la conscience. Ces germes sont autant de caractéristiques résidant en latence dans la conscience. Ce sont toutes les catégories de la conscience représentées par toutes les lettres du langage...
Les bîjas sont des phonèmes mono syllabiques. Ils sont de véritables germes de pouvoir présents au sein de la conscience. Ces germes sont autant de caractéristiques résidant en latence dans la conscience. Ce sont toutes les catégories de la conscience représentées par toutes les lettres du langage. C’est pourquoi on associe volontiers le pouvoir de la conscience à celui du verbe créateur, car lorsque ces formes archétypales entrent en vibration, elles engendrent toute la manifestation et gouvernent toute la réalité observable. Les bîjas les plus couramment utilisés sont Om, So, Ham, Sa, Yam, Ram, Hrim, etc. ... chacun possède une énergie particulière. Ils sont couramment employés dans la pratique en fonction de la séquence et de l'effet recherché. Il est à noter que parmi tous les bîjas, le phonème Om est dit « Pranava », c'est à dire, contenant à lui seul tous les autres. Son énonciation dans les pratiques est donc toujours appropriée.
Bîja du souffle dans la colonne : Soh (inspir) Ham (expir)
Bîja du souffle dans le cœur : Ham (inspir) Sa (expir)
Bîja de l’énergie : Aim, Hrim, Shrim,
Bîja de l’espace : Ha, Kha, Ksha
Bîja de la terre : Lam, Gam, Phat
Bîja du désir : Klim, Kam
Etc...
Les mantras sont des formules multi syllabiques. Ils sont souvent associes à des divinités du panthéon hindou. Les mantras constituent des techniques simples mais réputées pour leurs efficacités. La répétition d’un mantra (japa) a pour effet de substituer le dialogue intérieur ordinaire par une structuration mentale possédant sa propre efficience. Les mantras sont innombrables et constituent une science à part entière (śabda yoga).
Associé à Ganesh : Om Shri Ganeshaya Namah
Associé à Kâli : Om Krim Kâliké Svaha
Associé à Shiva : Om Namah Shivaya
Etc...
Les mantras sont traditionnellement répétés à l’aide d’un mâlâ ou chapelet indien. Dans le Nâtha Yoga les mâlâs sont généralement constitués de graine de Rudraksha, un arbre sacré qui pousse en Asie (Elaeocarpus ganitrus). Le mâlâ compte 108 graines plus une grosse graine appelée Sumeru, coiffée d’un pompon, le plus souvent de couleur rouge. Le Sumeru représente le Mont Meru, une montagne mythique considérée comme l'axe du monde dans les mythologies persane, bouddhiste, jaïne et surtout hindoue. Certains Shakta (adorateurs de la Shakti) et certains Tantrika, (voués au culte des divinités féminines), utilisent un mâlâ en cristal de roche. D’autres voués au culte de Durga ou Vishnu utilisent un mâlâ en bois de santal. Un mâlâ en bois de curcuma est utilisé pour le culte de Bagalamukhi, et en bois de basilic pour le culte de Lakshmi et Krishna. La pratique la plus usuelle est de répéter le mantra à chaque graine du mâlâ. C'est habituellement la main droite qui tient le mâlâ et il faut égrener le mâlâ en ramenant les graines vers soi à l’aide du pouce et du majeur, l'index restant tendu et les autres doigts repliés. Lorsqu'on arrive à la graine principale appelée Sumeru, il faut retourner le mâlâ et recommencer à l'envers et ainsi de suite. Il est à noter que le Sumeru ne peut être franchi, car il représente également dans la tradition shivaïte la dimension infinie du dieu Shiva en sa forme de trait de lumière.
Au-delà de l’aspect formel, la récitation des mantras cherche surtout la vibration et la résonnance engendrée au niveau du corps subtil. Comme nous le savons les nadis qui forment le corps subtil sont sensibles au son (nada) et à la vibration (spanda). Les chakras et les adharas sont également sensibles à la vibration des mantras. L’ensemble du corps subtil peut ainsi être stimulé par les mantras. Dans la tradition, à chacun des 50 pétales des 6 chakras manifestés dans le corps subtil, correspond une lettre de l’alphabet sanskrit. Par exemple au niveau du chakra du front (ājñā) sur le pétale de droite, au niveau à l’hémisphère droit du cerveau, correspond la lettre Ha ou aspirée pure et sur le pétale de gauche, au niveau de l’hémisphère gauche du cerveau, correspond la lettre Kṣa ou première des ligatures du sanskrit.
La récitation des mantras permet également d’influencer le mental de manière très efficace. Le mental contrairement à l’idée reçue est un principe plutôt inerte et immobile. Il coordonne les sens qui sont eux-mêmes en relation directe avec les éléments physiques (mahā bhūta). C’est pour cette qualité en relation avec Tamas que la tradition lui attribue cet aspect statique. C’est seulement parce que le mental est puissamment réactif, que les sensations qu’il reçoit le mettent en agitation. C’est par sa nature fluide, que le mental, au contact des sens ou de leurs souvenirs remontant de la mémoire, entre en agitation. Qu’on le prive des sensations et le mental retrouve son calme et son immobilité naturelle. C’est ainsi que les mantras vont agir sur la plasticité du mental pour le structurer et lui faire prendre des formes neuronales particulières. La diction des mantras résonne de manière harmonieuse et engendre des stimulations toujours positives et favorables. À vrai dire, la pratique des mantras procure beaucoup de satisfaction et de plaisir, le mantra agit comme une nourriture en enrichissant l’esprit et en régénérant le corps.
Néanmoins, la pratique des mantras demande beaucoup de temps pour produire des résultats probants. Il est couramment admis qu’un mantra doit être répété au moins sur 5 mâlâs par jour pendant 20 jours soit environ 11 000 récitations au moins pour produire son effet. Dans cet exemple, l’adepte doit y consacrer environ 1 heure par jour soit une vingtaine d’heures en tout. Au plus le temps consacré par jour est important au plus l’effet recherché sera puissant. De la même manière, au plus le nombre de jour sera élevé au plus le mantra délivrera ses bienfaits sur le corps et l’esprit du pratiquant.
Dans la tradition Nâtha, les mantras sont formulés en sanskrit. Le sanskrit est la langue sacrée du yoga, elle lui est indissociable. Le sanskrit provient des rishis, des sages qui méditaient dans les Himalaya. Les rishis entendirent le cosmos proférer de lui-même le son fondamental et firent passer les phonèmes élémentaires du sans forme au monde manifesté. Le sanskrit fait partie de la Shruti c’est-à-dire d’une connaissance auto-révélée ou encore entendue par les sages des temps anciens. C’est pourquoi, l’élève doit intégrer le plus tôt possible l’apprentissage du sanskrit en même temps que la pratique du yoga.
Le sanskrit est basé sur la théorie de l’alphabet (mātṝkā) ou roue des phonèmes (varna mālā) qui décrit précisément la création du monde manifesté suivant la puissance du verbe créateur. Dans cette théorie, le son et la parole (vāc) sont à l’origine de la manifestation du monde. Toutes les manifestations observables sont engendrées par des fréquences vibratoires suivant une expression orale divine. Shiva assume l’aspect statique de la conscience en laquelle se trouvent toutes les caractéristiques de l’être sous forme de Nexus, c’est-à-dire de germes ou encore de signes contenus en latence au sein de la conscience. Lorsque ces germes entrent en vibration par l’énergie de la prise de conscience, la Shakti, ils deviennent des Plexus, c’est à dire des roues vibrantes capables de manifester toutes les formes observables. Il est possible de prendre en comparaison le mécanisme de la musique jouée à travers un haut-parleur. Enfin cette émission est toujours accompagnée d’extase, elle devient alors Sexus, c’est-à-dire l’union de l’invisible et du visible, du sans forme et de la forme, du statique et du dynamique soit l’union de Shiva et Shakti.
L’alphabet sanskrit est composé usuellement de 48 phonèmes élémentaires auxquels on ajoute traditionnellement deux phonèmes (Li long et Ksha) pour correspondre aux 50 pétales des 6 chakras manifestés. Comme nous l’avons vu précédemment, l’alphabet sanskrit est calqué sur les chakras. À ce titre, le corps subtil de l’être humain est une parfaite reproduction de toute la manifestation, identique à l’univers déployé par le Verbe Créateur divin.
Étant pure conscience, l’Être se sait exister et possède la volonté de se connaitre. De par cette réflexion au sein de la Conscience, naissent tous les éléments créateurs de l’Univers (tattva). C’est ainsi que chaque lettre correspond à un état de conscience et à l’énergie correspondante qui en résulte dans le processus d’éveil de l’Être à lui-même. Le grammairien Pânini a codifié, vers 400 ans avant notre ère, l’alphabet sanskrit tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il est composé de 9 voyelles simples + 4 diphtongues + 2 sons accessoires + 33 consonnes. Les voyelles correspondent aux énergies subtiles et à l’évolution intérieure de l’éveil de l’Être à lui-même. Elles sont réputées les plus puissantes car empreintes d’énergie pure. Il est à noter qu’en sanskrit il existe des voyelles courtes (a, i, u …) et longues (ā, ī, ū, etc..), les premières correspondent à des états de conscience qui apparaissent spontanément dans le processus d’éveil de l’Être, les secondes correspondent à une réflexion, soit une prise de conscience de chacun de ces états. À partir de la lettre spéciale ou accessoire deux point l’un sur l’autre ‘ :’ (visarga), sont émises toutes les consonnes qui correspondent à une double évolution à la fois intérieure et extérieure, manifestant ainsi tous les 36 tattvas du monde manifesté tel que nous les connaissons à travers l’expérience sensorielle.
C’est ainsi que le yogin comprend qu’il peut se servir des bîjas et des mantras pour reproduire en son sein la manifestation cosmique. Il se sert des racines sanskrites pour stimuler l’ensemble du corps subtil et réveiller Kundalini Shakti. Pour ce faire le yogin doit retrouver la vibration sacrée, unie à la Conscience, qui déverse son flot de science pure sur tout l’univers. Il doit ressentir en lui cette émotion et cette dimension affective, pour stimuler et mettre en mouvement tous les chakras du corps subtil. En effet pour qu’un mantra puisse être efficient et délivrer sa puissance, il doit être prononcé avec sincérité, ferveur et grande foi envers la divinité. Sans quoi, le mantra deviendrait une diction mécanique, il ne pourrait agir sur les couches profondes du corps subtil et resterait à un niveau purement grossier.
Sur ce sujet la tradition distingue quatre niveaux de la parole :
Vaikhari : C’est le niveau grossier de la parole, il comprend le langage ordinaire, il utilise les lèvres et la langue pour formuler des sons audibles. Il peut être également le niveau de la parole murmurée, voire silencieuse mais avec une activité résiduelle de la langue. Il correspond à l’état de veille.
Madhyamā : C’est le niveau intermédiaire de la parole, il s’agit d’un état purement mental, sans verbalisation, ni sensation physique, sans aucune agitation de la langue ni des lèvres. Il correspond à l’état de rêve.
Paśyantī : C’est le niveau indifférencié de la parole, le son se manifeste comme un sentiment, une idée sans mots ou une visualisation Il s’agit d’un son intuitif dont la nature et au-delà des formes ou des cadres linguistiques définis. Il correspond à l’état de sommeil profond.
Paravak : C’est le niveau suprême de la parole dans lequel n’existe plus aucun son, juste la conscience universelle. Il représente l’état d’absorption dans le samadhi, la méditation profonde sans le souffle. Il correspond au quatrième état transcendant ou Turya.
L’utilisation des mantras peut se faire en groupe, ils sont alors énoncés oralement ou même scandés avec beaucoup de puissance. La répétition des mantras la plus efficace est solitaire et s’effectue de manière purement mentale. La répétition ordinaire du mantra est dite « japa », elle doit être pratiquée de manière insistante et prolongée pour obtenir l’efficience du mantra. Au bout d’un moment de cette pratique, la répétition devient automatique et comme entendue par le pratiquant, elle est dite alors « ajapa japa ».
La pratique des mantras est souvent associée aux divinités du panthéon hindou et notamment aux divinités du Mahâ Vidya Yoga. Combinée avec la visualisation de diagramme (yantra) et de rituels (puja) la pratique peut alors devenir magique dans le sens où elle permet d’établir un lien efficient avec la divinité. Dans cette forme de pratique, les qualités de la divinité se manifestent chez l’adepte qui en reçoit tous les effets aussi bien au niveau matériel que spirituel. Contrairement à la croyance ordinaire, ce niveau de pratique est parfaitement accessible au commun des mortels, il suffit juste de s’y essayer de manière véritable et sincère. Il est tout de même nécessaire d’y consacrer une grande énergie pendant un laps de temps assez important. (Une à deux heures par jour pendant deux à trois années au minimum).
Une des grandes déesses de l’hindouisme, particulièrement vénérée dans le Tantra, est la Grande Déesse du Mahâ Vidya Yoga, Impératrice de Beauté, régnant sur les 3 états, veille, rêve, sommeil et les transcendant en un continuum de conscience, Turya le quatrième état, identique à la Conscience Absolue : sa Majesté Tripura Sundari.
De la Bahvricha Upanishad dédié à la Grande Déesse du Mahâ Vidya, Tripura Sundari :
1- Au tout début de l'univers la déesse était seule. Elle émit l'Oeuf du monde. Elle était alors le son IM et la résonance nasale par quoi OM se prolonge.
2- C'est d'Elle que Brahmâ naquit d'Elle, Vishnu, d'Elle, Rudra, d'Elle, tous les Maruts, en bandes, d'Elle, les Gandharvas, les Apsaras, les Kimnaras et tous les musiciens du Ciel. D'Elle naquit le Désirable et tout ce qui a l'Énergie, d'Elle aussi tous les Êtres qu'ils aient pour origine l'œuf, l'eau, la graine, ou la matrice : les végétaux, les animaux, tous, tant qu'ils sont ! D'Elle aussi les humains...
3- C'est qu'Elle est l'Énergie suprême, la Doctrine apaisante qui consiste en trois mantras : KA É Î LA HRÎM HA SA KÂ HA LA HRÎM SA KÂ LA HRÎM C'est là le secret d'OM car OM a pour support la déesse-Parole !
4- Elle s'est diffusée dans les trois corps, les trois villes, rayonnant sur eux Sa lumière à l'intérieur, à l'extérieur ! Parce qu'Elle est intimement mêlée au temps et à l'espace on dit qu'Elle est la Conscience Intérieure, Mahâ-Tripurâ-Sundarî !
5- Elle seule est l'Ame cosmique car en dehors d'Elle il n'y a que mensonge et non-âme ! Elle est donc le brahman comme Conscience universelle, et réunit en Elle-même à la fois l'Être et le Non-Être ; par Elle on connait la Conscience en tant que brahman sans second comme une vague d'Existence, de Conscience, et de Joie !
Elle est entrée dans tous les êtres, Mahâ-Tripurâ-Sundarî, à l'intérieur, à l'extérieur de chacun d'eux ; et sur chacun Elle rayonne sa lumière !
Ce qui n'est qu'Être seulement, et que Conscience illuminante, ce qu'est l'Amour, ce qu'est la Joie, C'est la déesse créatrice,
Mahâ-Tripurâ-Sundarî !
Divinité universelle elle est tout à la fois et le Toi, et le Moi, et tous les êtres et tout ce qui existe,
Mahâ-Tripurâ-Sundari !
Elle est la seule Vérité, la Nature, Elle : la Charmante,
Mahâ-Tripurâ-Sundarî
en Elle il nous faut reconnaitre le brahman sans second !
6- Détaché des cinq formes et des cinq éléments, seul reste le Mahant, support universel ultime vérité.
En conclusion, il est vivement conseillé aux pratiquants qui seraient encore rebutés par l’apprentissage de la civilisation traditionnelle de l’Inde, de franchir le cap et d’apprendre un peu de sanskrit pour mieux intégrer les sons et la prononciation correcte des bîjas et des mantras. Passées les premières difficultés avec l’assimilation des notions de base, s’ouvrira alors un champ d’investigation tout à fait nouveau et passionnant. En effet la signification ésotérique de l’alphabet sanskrit permet une compréhension totalement nouvelle sur la pratique du yoga.
L’exposé synthétique de la Théorie de l’Alphabet Sanskrit : https://www.yoganet.fr/blog/enseignement-110.html
Sources
Sivasutra et Vimarshini de Kshemarâja Traduction commentaires de Lilian Silburn Shivaïsme du Cachemire le secret Suprême de Swami Lakshman Ji (d’après Tara Michaël il s’agirait plutôt de Swami Lakshman Joo)
Les enseignements oraux directs de Yogi Mastsyendranath qui m’a permis de comprendre réellement tous les aspects subjectifs de la Matrika
Les enseignements d’Hélène Marinetti, sanskritiste de longue date.
De la Bahvricha Upanishad dédié à la Grande Déesse du Mahâ Vidya, Tripura Sundari extrait de "textes sacrés d'Orient" de Marc de Smedt Éditeur : P. Belfond (1 janvier 1976)
Michel Chauvet
07 68 47 01 07