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Asso YOG'ART est une association régie par la loi du 1er Juillet 1901 - Asso YOG'ART a pour objet la diffusion et l'enseignement du yoga à travers l'organisation de séances pratiques, de stages... Le yoga que nous proposons est un yoga traditionnel. Il est très simple d'approche, et convient à tous les niveaux, débutant et plus.

 

 

 

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Blog Yoga Bien-être Spiritualité

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Bhujangasana la posture du cobra

08/03/2017

Bhujangasana la posture du cobra

Adaptez les séances et/ou exercices et positions que nous vous proposons dans cette rubrique, à votre rythme. N'oubliez-pas de pratiquer avec régularité et à heures régulières. le yoga est sans effort, ni violent. les progrès de la pratique sont graduels et constants. Pratiquez Bhujangasana de préférence le matin.

 

Allongez-vous sur le ventre, étirez les jambes derrière vous. Placez les mains (de chaque côté) à hauteur de la poitrine. Prenez appui sur les mains, inspirez, redressez lentement le buste et la tête. Conservez la position, respirez calmement.

 

 

Les bienfaits de la position:

 

"Bhujangasana est une panacée pour ceux qui ont la colonne vertébrale en mauvais état". La pratique régulière apaise le dos et tonifie la colonne vertébrale.

 

 

Asso YOG'ART

 

Yoga Tibétain: le corps, véhicule vers l'éveil

03/04/2016

Yoga Tibétain: le corps, véhicule vers l'éveil

 



Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme. Un yoga qui nécessite bonne condition physique et engagement.


L'expression « yoga tibétain » n'est pas signifiante en soi car elle fait uniquement référence à une caractéristique géographique et omet le contexte spirituel dans lequel s'inscrivent les pratiques yogiques.

 « Nangpé yoga » est fréquemment utilisé mais cette expression pose un problème d'ordre linguistique : « Nangpé » est un terme tibétain qui signifie « intériorité » tandis que « yoga » vient du sanskrit.

 

Par ailleurs, certains ouvrages et professeurs font parfois référence aux « 5 tibétains », un enchaînement de cinq postures précises à pratiquer le matin, mais cette pratique, plus proche d'une gymnastique, n'a rien à voir avec le yoga tibétain tel qu'on l'enseigne et le pratique dans certains centres bouddhistes. Le terme tibétain pour yoga, « Neldjor », signifie union (djor) avec la nature essentielle de notre esprit (nel). Il est également juste de parler de « yoga bouddhique », car ce qui caractérise avant tout le « yoga tibétain », c'est la vue bouddhique à laquelle il se rattache, y compris dans la tradition bönpo (1).

 

Les enseignements bouddhistes constituent le pilier à partir duquel vont prendre sens les pratiques. Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme.

  

Les pratiques tibétaines sont du yoga

 

Selon les textes, toute pratique qui vise à atteindre l'Eveil peut être qualifiée de yoga : « Si on appelle yoga les pratiques méditatives, avec ou sans visualisation, on peut dire que presque toutes les pratiques tibétaines sont du yoga ; «Neldjor» est utilisé systématiquement pour toute pratique, qu'elle soit de type méditative, avec ou sans visualisation élaborée » confirme Philippe Cornu (2). « Yoga » est donc un terme communément utilisé au sens spirituel du terme. Plus schématiquement, on distingue trois sortes de yogas : les yogas du corps (appelés également Kum-nyé, trülkhor ou encore Yantrayogas dans les lignées tantriques et Dzogchen) qui comprennent des exercices corporels et des prosternations, les yogas de la parole (la récitation de mantras, par exemple) et les yogas de l'esprit, strictement spirituels. C'est dans les yogas du corps qu'on trouvera la proximité la plus manifeste avec le Hatha-yoga mais réduire le yoga tibétain aux seuls exercices physiques constituerait une grave erreur de compréhension de la tradition bouddhique.

 

Un enchaînement dynamique de postures

 

Dans la tradition tibétaine, le corps est notre véhicule terrestre qui doit nous mener à l'Eveil. Dans cet objectif, on va travailler sur les canaux subtils pour les préparer, les purifier et les assouplir à l'aide d'exercices, de massages et de postures. «On prend pour appui le corps physique qui est une interface avec ce qu'on appelle les canaux subtils dans lesquels passent les « loung », - les souffles - qui sont les courants de manifestation des consciences», explique Lama Shérab Namdreul. Plus spécifiquement dans la pratique tantrique, on distingue deux phases dans les pratiques yogiques : la phase de développement et la phase de perfection. «La phase de développement, c'est la visualisation : le yogi apprend à se visualiser sous la forme d'une déité et apprend ensuite à réciter son mantra pour mûrir le pouvoir de la déité en lui. Une fois cette étape franchie, il entre dans les yogas internes», (Philippe Cornu). La phase de perfection consiste à travailler là encore sur les canaux subtils, les chakras, les souffles qui circulent dans les canaux et les « gouttes essentielles ». S'entraîner à pratiquer des respirations en vase par exemple - respirations spécifiques qui comprennent des rétentions et des compressions – constitue l'un des axes de la progression spirituelle dans le Vajrayâna qui comprend à la fois les pratiques tantriques et le Dzogchen.

Certaines postures peuvent rappeler des asanas hindouistes, même si  l'enchaînement des postures est ici très dynamique : «C'est un yoga actif, dynamique et vigoureux. On ne reste jamais longtemps dans les postures», précise Philippe Cornu. Sauts réalisés en posture de lotus («bebs»), claques ou flexions, constituent quelques-unes des particularités posturales assez spectaculaires et propres au yoga tibétain.

  

Des yogas encore secrets

 

Secrets pour la plupart, ces yogas nécessitent non seulement une très bonne condition physique, mais également un engagement de longue haleine. C'est pourquoi ces yogas ne sont pas enseignés au tout-venant. Et même si dans certains centres, comme à l'ermitage Yogi Ling, des stages sont ouverts à tous, il est fondamental de vérifier son intention et sa motivation spirituelle avant de s'inscrire : «On ne fait pas du yoga avec des préoccupations mondaines : pour l'hygiène, pour maigrir ou pour des performances physiques», rappelle Lama Shérab Namdreul, enseignant de yoga au centre Yogi Ling. Le yoga physique ne constitue qu'une méthode parmi d'autres pour viser l'Eveil dans la tradition tibétaine. Utile, efficace mais pas incontournable. Ce que confirme Lama Shérab Namdreul : «Ca peut être utile de faire du yoga physique pour les personnes très agitées, par exemple, parce que ça calme le corps, mais l'essentiel c'est d'arriver à la méditation de l'esprit». L'exemple du Tumo, qui représente un des 6 yogas essentiels (5) transmis non seulement dans la lignée Changpa Kagyu mais aussi dans les autres écoles tibétaines, y compris le Yundrung bön, illustre parfaitement l'approche yogique du corps utilisé comme un moyen d'accès vers des objectifs spirituels ultimes. Dans cette pratique, on va canaliser les souffles subtils dans le bas-ventre (juste en-dessous du nombril) pour augmenter la chaleur du corps. Pratiqué parfois dans la neige et quelle que soit la température extérieure, ce yoga secret présente des aspects souvent spectaculaires à nos yeux d'occidentaux. Mais l'objectif visé est spirituel : « l'idée c'est de transposer cette félicité du corps dans l'esprit : on a une expérience d'éveil où la félicité n'est plus une expérience circonstancielle mais la nature même de l'esprit, car l'esprit est félicité » (6) explique Lama Shérab Namdreul.

A moins de prendre refuge et de s'engager pour de longues années de pratique, aucun de ces yogas secrets ne sera accessible à nous autres occidentaux. Toutefois, soucieux de diffuser ses enseignements au plus grand nombre, Kalou Rinpoché  a conçu un ouvrage « Le Yoga Tibétain » qui s'adresse à tous, bouddhistes ou non, et aussi bien aux débutants qu'aux pratiquants avancés.

  

 

Nathalie Ferron

 

(Article publié dans la revue Santé Yoga Mai 2008)

 

Journaliste spécialisée, je collabore à différents magazines dont Esprit Yoga, Kaizen, et La Vie. Je suis également auteur et directrice d’ouvrages dédiés au bien-être. J’ai publié plusieurs livres : « Transformer sa vie par la méditation » (Albin Michel, 2013) et « Bien dormir c’est malin », (Leduc, 2013). Mon dernier ouvrage « Et si vous étiez magnétiseur », publié chez Hachette, est sorti en avril 2015. Je m’intéresse à tout ce qui peut aider l’être humain à mieux vivre et à retrouver sa liberté et son authenticité au-delà des conditionnements familiaux, sociaux et culturels qui l’imprègnent. Parmi les différentes approches que j’ai explorées, la pratique du yoga, du massage ayurvédique et de la méditation m’ont semblé les plus fécondes et les plus à même de nous aider dans l’époque actuelle afin de retrouver notre équilibre et nous permettre de vivre de manière plus libre et authentique en prenant la responsabilité de notre vie. Animée par le désir d’être utile aux autres, je souhaite transmettre ces cadeaux précieux qui m’ont été donnés à travers les enseignements que j’ai reçus et ma propre expérience personnelle.

 

Retrouvez toutes les activités de Nathalie Ferron si vous le souhaitez sur son site: nathalieferron.com

 

Lignées:

 

« C'est au 8e siècle que le yoga fait son apparition au Tibet, facilitée notamment par le traducteur Pagor Vairocana  qui a transmis tout un système de yogas. Puis, au moment de la seconde diffusion du bouddhisme au 11e siècle, de nouveaux textes indiens tantriques arrivent au Tibet » (Philippe Cornu). Chaque lignée a développé ses propres yogas, textes et enseignements : Lama Shérab Namdreul (3), par exemple, appartient à la lignée Changpa Kagyu. Il a reçu ses enseignements de Kalou Rinpoché (1904-1989), un des plus célèbres maîtres tibétains de yoga en occident, lui-même se référant à trois illustres transmetteurs de l'Inde au Tibet : Naropa, Niguma et Sukkhasiddhi (4).

 

(1) Le bouddhisme comprend cinq  écoles : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelougpa et Youngdrung Bön. 
(2) Philippe Cornu est enseignant-chercheur et président de l'Université Bouddhique Européenne. Spécialiste du bouddhisme depuis une trentaine d'années, il a publié de nombreux ouvrages dont  «le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme », aux éditions Le Seuil (2006).
(3) Lama Shérab Namdreul est enseignant et responsable des éditions Yogi Ling depuis 25 ans. Il a reçu les initiations, enseignements et transmissions de son maître Kalou Rinpoché.
(4) Naropa (brahmane indien) et sa compagne Niguma – Soukhasiddhi vécurent au Cachemire au 9e siècle et  transmirent la pratique des six yogas à Kyoungpo Neldjor, le maître fondateur de la lignée Changpa au Tibet. Source :
www.Yogi-ling.net
(5) Les 6 yogas essentiels dans la lignée Changpa Kagyu sont : le yoga du feu intérieur (Tumo), le yoga du corps illusoire, le yoga du rêve, le yoga de la claire lumière, le yoga du transfert et le yoga du bardo.
(6) La félicité fait partie des 5 qualités de l'esprit. Les 4 autres qualités sont la clarté, l'équanimité, la compassion et la connaissance.

 


A lire :
« Le Yoga Tibétain » de Kalou Rinpoché, ed. Kunchab.
« Voie Graduelle du Yoga Tibétain » de Neldjorpa Shérab, ed.Yogi Ling

  

Illustration : Nicolas Roerich peintre russe (1874-1947)

 

La racine de l' Ayurvéda

02/04/2015

La racine de l' Ayurvéda

 

 

Le contexte historique et religieux

 

L'Ayurveda est un Upaveda, c'est-à-dire une branche, ou Véda subordonné, de l'Atharva-Veda, l'un des quatre principaux Veda, textes sacrés qui constituent les prémices de l'hindouisme (- 3900 av. JC a -1500 av. JC).  Les 3 autres Veda sont le Rig-Veda, Sama-veda et Vajur-Veda. Cependant ces textes très anciens peuvent être regardés plus comme des textes religieux que comme des traités médicaux à proprement parler. Les principes qui y sont énoncés sont principalement des prières, chants et hymnes destinés à amener la santé et a se protéger des intentions néfastes des déités maladies. Ce n'est qu'avec des ouvrages plus récents tels le Charaka Samhita et le Sushruta Samhita que l'on peut commencer à parler d'une littérature purement médicale en Inde. Ces textes rédigés sous forme de vers ou slokas font toujours référence et doivent être mémorisés par coeur par les étudiants en Ayurveda. Dans le sud, c'est souvent l'Astanga Hrdayam (de hrdaya, le coeur, de l'astanga, c'est-à-dire les huit membres de la médecine ayurvédique), une forme résumée des deux premières compilations, qui est pris comme ouvrage de référence.

 

Etymologie

 

Le terme Ayurveda a pour signification littérale " connaissance ou la science (véda) de la longévité (ayus)". Une ancienne définition étymologique de ce terme est présentée ainsi : "On l'appelle Ayurveda car il nous dit (vedayati) quelles substances, qualités et actions sont favorables pour prolonger la vie (ayusya), et lesquelles ne le sont pas." Charaka 1.30.23

L'Ayurveda est un système de pratique médicale générale, qui comprend à la fois des aspects préventifs et curatifs. II contient un grand nombre d'excellents conseils pratiques pour tout un chacun, sur tous les aspects possibles et imaginables de la vie : brossage des dents, diététique,  rythme de vie et occupations, morale, etc.
 
L'Ayurveda fournit également des enseignements médicaux plus spécialisés sur les aspects du diagnostique et des traitements, destines, eux, aux médecins professionnels. Ainsi, dans le Sushruta Samhita, on trouve des descriptions détaillées de diverses interventions chirurgicales, telles que des interventions de chirurgie plastique du lobe de l'oreille et du nez. (Sushruta Samhita 1.16)

Les concepts fondamentaux de l'Ayurveda    

 

II est assez difficile de choisir un seul groupe d'idées et d'en faire "les fondations" de l'Ayurveda. En effet l'Ayurveda regroupe un très vaste ensemble de connaissances médicales, avec différents niveaux de compréhension et d'interprétations historiques. Cependant, l'un des plus importants concepts dans la tradition ayurvédique est celui qui relie ensemble les humeurs (doshas), les tissus corporels (dhatus) et les déchets (malas). La théorie des trois humeurs, ou tridosha-vidya, enseigne que trois substances semi-fluides sont présentes dans le corps et régulent son état. Les humeurs sont le vent (vata), la bile (pitta) et le flegme (kapha).


"Quand il n'est pas malade, le vent aide le corps en lui amenant énergie, inspire, expire, mouvement, et les actions des besoins naturels. II aide les tissus a se déplacer correctement, et a maintenir les sens en éveil. La bile aide le corps avec la digestion, la chaleur et la vision. Elle aide aussi avec la faim, la soif, l'appétit, l'apparence, la mémoire, l'intelligence, le courage et la souplesse du corps. Le phlegme aide le corps avec la stabilité, l'onctuosité, la cohésion, la patience, etc." (Vagbhata 1.11)

 

Ces humeurs interagissent avec les sept constituants du corps ou sept dhatus: le plasma (rasa), le sang (rakta), la chair et les tissus musculaires (mamsa), les tissus adipeux (meda), les tissus osseux (asthi),  la moelle et les tissus nerveux (majja) et enfin les tissus reproducteurs (shukra). Elles interagissent également avec les déchets du corps.

 

L'Ayurveda utilise principalement des médecines d'origine végétale et animale, et il enseigne un large éventail de thérapies, parmi lesquelles: des régimes, des lavements, des massages, des saignées, des onctions, sudations ainsi que certains actes chirurgicaux. Une grande partie des textes classiques porte sur le respect de règles d'hygiène de vie et l'élimination des habitudes propices à générer des maladies. On trouve ainsi des descriptions détaillées de routines journalières idéales (en fonction de la saison, du lieu, etc…) sensées garantir une vie longue, saine, prospère et heureuse, vue comme but de l'existence humaine. En matière de nourriture, sommeil, exercice physique, sexualité, ou encore dans les prescriptions médicales, tous les traites insistent sur le principe de modération. Ceci est un principe fondamentalement bouddhiste, rejoignant les enseignements de "La Voie du Milieu".  Bouddhisme et Ayurveda se seraient en effet largement influencés au cours des siècles. Un autre aspect important de modération est présent dans l'enseignement ayurvédique : ne pas réprimer les besoins naturels du corps, sous faute de s'exposer à divers déséquilibres et maladies.


"Un homme sage ne réprime pas les besoins naturels lies a l'urine ou aux excréments, au sperme, au vent, a la nausée, aux éternuements, au besoin de se nettoyer la gorge, aux bâillements ni aux besoins de la faim et de la soif, des larmes ou du sommeil. (...) Quiconque désire son propre bien, ici et plus tard, devrait réprimer les tendances aux comportements impétueux et déshonorables, en pensée, en parole ou en acte. (...) Une personne intelligente ne devrait pas s'habituer à l'excès, même en ce qui concerne des choses acceptables telles que l'exercice physique, le rire, la parole, les voyages, les relations sexuelles ou les veillées tardives. (...) Une personne qui se laisse aller a l'excès dans ce type d'activités risque de périr, tel le lion s'attaquant a un éléphant." (Charaka 1.7)

 

Pour comprendre le système de diagnostiques et de thérapies que propose l'Ayurveda, il est nécessaire d'avoir une certaine connaissance de la conception ayurvédique du corps et de ses fonctions.  La fameuse illustration de "l'homme ayurvédique" nous montre une vue de l'intérieur du corps humain, tel que l'Ayurveda l'envisage à la fin 19eme siècle. Le processus central en est la digestion, considérée comme une forme de cuisson. Ainsi, tous les termes en sanskrit pour décrire la digestion impliquent "cuire" ou "brûler", et la force digestive elle-même est appelée "le feu" (agni).

 

La nourriture ainsi "cuite" par ce feu digestif se transforme dans l'estomac en un jus, le premier des sept tissus corporels, appelé rasa. Puis, sous l'action de la bile (pitta), ce jus est transforme  en rakta, deuxième des tissus. Rakta est ensuite transforme en mamsa et ainsi de suite jusqu'à  obtenir l'essence suprême générée par le corps: shukra. Ojas, souvent traduit par "énergie vitale" est la quintessence des sept dhatus. Ojas est la source essentielle de la force du corps. De la qualité d'ojas dépendront toutes nos aptitudes physiques et notre bonne santé. Inversement, une  diminution d'ojas conduira a l'affaiblissement des défenses immunitaires, et, par suite, aux maladies.

 

"Dérivant des tissus corporels on trouve les sept tissus dérivés : le lait maternel, le sang menstruel, la graisse, la sueur, les dents, les cheveux et enfin ojas (...) Ojas est présent dans tout le corps et est considéré comme froid, huileux, et solide. II est de nature froide et donne au corps puissance et nourriture." Samgadhara 1.5

 

Un réseau de tubes parcourant le corps transporte ces substances d'un endroit à l'autre, de même que sont transportées les humeurs, les sensations, le vent et la pensée... On peut ainsi envisager comment, lorsqu'un élément de ce processus complexe fait obstacle au fonctionnement général, les déséquilibres et maladies apparaissent.

 

Selon l'Ayurveda, la principale cause des maladies est l'aggravation ou déséquilibre des doshas, c'est à dire l'excès d'un ou plusieurs doshas, combiné à une faiblesse du feu digestif. En effet un feu digestif affaibli (par des erreurs dans l'alimentation, le mode de vie, etc.), entraînera la création d'ama ou toxines (masse alimentaire non digérée), qui mélangé au dosa en excès, va obstruer les canaux puis se déposer dans un endroit affaibli et y provoquer la maladie.

 

Les thérapies ayurvédiques viseront donc essentiellement à rétablir l'équilibre, en pacifiant les doshas en excès ou en procédant à leur élimination pure et simple du système. Pour cela, l'Ayurveda a mis au point un processus thérapeutique rigoureux et exigeant, nécessitant une préparation et une participation active du patient.

 


Les thérapies ayurvédiques de purification

 

Les thérapies de purification, connues sous le nom de panchakarma, forment le cœur du processus de traitement par l'Ayurveda, Cependant l'art et la manière de mettre en oeuvre ces thérapies sont bien souvent ignorés ou négligés, particulièrement en occident ou l'Ayurveda est le plus souvent assimilé aux seuls aspects du massage et de simples soins de détente et de beauté.

 

Les étapes du panchakarma

 

Pour être conduit efficacement et sans danger pour le patient, le panchakarma (de pancha cinq et karma action) demande une longue préparation, parfois peu compatible avec le rythme de vie occidental et demandant un engagement total de la part du patient.

 

Shamana : l'examen par le médecin ayurvédique (observation, interrogation, palpation, prise du pouls, etc.) doit déterminer les déséquilibres présents dans l'organisme, et la présence éventuelle d'ama ou toxines, qui devront étre éliminées par les techniques de shamana. Cette désintoxication se fait par la prescription de plantes visant principalement à stimuler la digestion et brûler les toxines, par les jeûnes, les purges et lavements ainsi que par un regime anti-ama, par l'exercice physique et l'exposition au soleil et au vent. Si les doshas aggravées se trouvent encore mélangées aux tissus, aux déchets ou à ama, il sera en effet impossible de les éliminer complètement et le traitement sera inefficace. C'est pourquoi shamana est essentiel et vise principalement a réduire ama et à apaiser les doshas pour favoriser leur élimination à l'aide des techniques de purification qui suivront.

 

Snehasvedana     : Une fois que ama a été éliminé avec succès, le patient doit encore être préparé par application d'huile et par  sudation, les deux termes clefs des thérapies ayurvédiques, de sneba (la graisse, l'amour) et sveda (la sueur). L'application d'huile peut être faite en administrant par voie orale des huiles et autres substances grasses. Ainsi le ghee, beurre clarifié très utilisé dans la cuisine indienne, est perçu comme le lubrificateur par excellence d'autant qu'il joue également le rôle de véhicule des substances médicinales qu'on lui ajoute. On peut également avoir recours a des clystères, des gouttes nasales, des applications d'huiles sur le crâne, dans les yeux, les oreilles... et, bien sûr, au massage à l'huile du corps entier (abhyanga). Le massage est ici vu comme un procédé permettant de faire pénétrer de grandes quantités d'huiles et donc de substances médicinales dans le corps. C'est la qualité de ces huiles et leur choix judicieux en fonction de la condition du patient, qui déterminera l'effet thérapeutique de l'abhyanga. La sudation peut être réalisée de nombreuses manières selon la condition du patient. Les bains de vapeurs sont courants, soit dans un caisson de sudation, soit au moyen de jets de vapeur permettant de concentrer la chaleur sur les zones à traiter (nadi sveda). Un autre procédé permettant de faire suer le corps tout en faisant pénétrer des substances médicinales par les pores ouverts par la chaleur est appelé pinda svedam. Pour cela, on prépare de petits sacs en tissus (kizhis) bourrés de plantes et épicés que l'on chauffe par immersion dans un liquide bouillant (huile, décoction, lait...) ou, par contact, sur une plaque chaude.

 

Les kizhis sont alors utilisés pour masser, frictionner ou tamponner tout le corps, ou en concentrant leur actions sur des zones particulières. On procède également a de véritables bains d'huile en faisant couler sur tout le corps des huiles médicinales chaudes. Ce procédé nomme pizhichil ou thailadhara requiert une mise en place très soigneuse et jusqu'a cinq masseurs et assistants expérimentés qui veilleront a ne jamais laisser l'huile s'accumuler sur la table et à la maintenir à température idéale. La quantité d'huile médicinale mise en jeu (environ 6 litres) est également un obstacle a la réalisation de ces techniques en occident, a moins de posséder sa propre fabrique, ce qui est extrêmement rare. Ces traitements préliminaires ont pour but d'ouvrir les canaux du corps et de "liquéfier" les humeurs ayant cause des blocages, pour leur permettre soit d'être éliminées via le système digestif, soit de retourner a leur place dans le corps.

 

Shodhana : Grâce a l'application d'huile et à la sudation, les doshas déséquilibrés ont été dirigés vers l'appareil gastro-intestinal. Il est alors capital de les éliminer par des méthodes appropriées, différentes selon chaque patient et déterminées grâce au diagnostique ayurvédique. Si cette étape n'est pas correctement réalisee, les doshas risquent d'être réabsorbées, causant souffrance et maladies. Si le corps a été bien prépareé la purification ou shodhana pourra être appliquée avec succès et sans risque d'affaiblir le patient. Les techniques de purification principales sont connues sous le nom panchakarma.

 

Vamana : Le vomissement thérapeutique est provoqué en administrant de puissantes tisanes de plantes émétiques. Vamana est principalement prescrit aux types kapha, c'est-à-dire sujets a l'accumulation de mucus dans les poumons et l'estomac. Il est contre-indiqué pour les personnes faibles en particulier les types vata.

 

Virechana : la purge thérapeutique est largement utilisée dans le processus de purification. Sa mise en place est relativement simple, bien que le choix et le dosage du purgatif à utiliser demande une bonne connaissance de la condition du patient afin de ne pas risquer de trop affaiblir l'organisme. Virechana  convient dans tous les cas où il s'avère nécessaire de nettoyer l'intestin grêle, en particulier pour éliminer un excès de pitta.

 

Basti : le lavement médical purifiant est effectue en administrant des décoctions de plantes dans l'anus au moyen d'une seringue. II sert à dissiper l'excès de vata de son siège, le gros intestin. Avec virechana, basti constitue l'autre traitement phare du panchakarma et peut convenir à de nombreux types, en prenant garde a ne pas trop assécher l'organisme et à faire suivre de lavements régénérant à base d'huile.

 

Nasya : selon l'Ayurveda, les narines sont les ouvertures les plus proches et faciles d'accès pour amener les médecines a la cavité crânienne. Le traitement nasal dit nasya est donc très répandu, non seulement dans le cadre d'un panchakarma, mais aussi en tant que traitement d'entretien régulier. L'administration de plantes se fait sous forme de poudres, huiles ou décoctions versées avec précaution dans les orifices nasaux, ou encore en faisant inhaler au patient la fumée émanant d'un cône rempli de plantes médicinales. En préparation à nasya, un massage de la tête, du cou et du visage a l'huile est recommandé, suivi d'une application de vapeur sur ces mêmes zones. Les pieds et mains doivent ensuite être frictionnés vigoureusement. Nasya est prescrit pour de nombreuses affections, principalement concernant la région au dessus du cou. Ainsi pour kapha, nasya permet de réduire un excès de mucus dans les sinus.

 

Raktamoksha : la saignée thérapeutique était autrefois couramment pratiquée soit par application de sangsues spécialement préparees, soit au moyen de fines incisions de la peau en des endroits précis. De nos jours la pratique de raktamoksha est plus rare, certains médecins considérant que l'utilisation de plantes ayant un effet purificateur du sang s'avère suffisamment éfficace dans la plupart des cas.

 

Conclusion

 

La description complète et detaillée des différentes techniques thérapeutiques dépassant le cadre de cet article, le lecteur intéressé voudra bien se référer aux ouvrages indiqués dans la bibliographie. En guise de conclusion, on rappellera que l'application des procédés décrits succinctement ici relève de l'expertise d'un médecin compétent. En effet les paramètres à prendre en compte sont nombreux (condition actuelle et histoire  médicale du patient mais aussi saison, climat, etc.) et certains patients trop faibles ne sont pas aptes à recevoir le panchakarma. II est également essentiel de savoir comment rectifier les éventuelles complications pouvant apparaître en cours de traitement. Les personnes souhaitant effectuer ce type de cure sont de plus en plus nombreuses a se rendre aujourd'hui en Inde à cette seule fin. Un vaste choix  d'établissements s'est donc développé en réponse a cette demande... du simple hôpital ayurvédique traditionnel où vous devrez vous adapter au mode de vie indien, jusqu'au cinq étoiles en bord de mer ou vos habitudes occidentales seront moins remises en question !

 

 

 

 

 Lise Noel  - Association Agni

 agnipurusha@gmail.com

 

Avec l'aimable autorisation de la revue Infos-Yoga  Le journal à l'usage des aventuriers de l'âme

article paru sur Infos-Yoga en mai 2008.

 

Mort et Réincarnation

28/10/2014

 Mort et Réincarnation

 

Qu'est-ce qui détermine notre retour dans ce monde? Les bonnes (punya) et les mauvaises (papâ) actions accumulées dans nos vies antérieures. Celles que nous accomplissons dans cette vie sont appelées âgâmî. Elles porteront leurs fruits doux et amers dans les vies à venir. Quand à ce que nous expérimentons, jour après jour, c'est le prarabdha karma, l'ensemble, la totalité de nos actions qui ont déterminé la naissance actuelle.

 

Pour les hindous, assurer après cette vie-ci, à défaut de l'union définitive avec l'être suprême, le Brahman, une bonne renaissance, est primordial. La théorie que l'on appelle Punarjanma et selon laquelle l'âme de chaque individu s'incarne de nouveau après la mort, est bien ancrée depuis des millénaires, dans la conscience de centaines de millions de personnes en Inde.

 

Lorsque l'âme individuelle (jîvâtman) quitte le corps charnel au moment de la mort, elle est accompagnée des Upâdhi. Les Upâdhi forment quatre groupes: l'esprit et les cinq sens ; les cinq souffles (prâna) ; le corps subtil (sûkshmasharîra) et les actions accumulées. Ces quatre entités accompagnent l'âme du défunt.

 

Si l'âme individuelle s'unit immédiatement au Brahman et réalise ainsi la libération définitive (Moksha), les Upâdhi bien evidemment cessent de l'accompagner. 

 

Au sortir du corps, c'est le souffle vital (udâna) qui guide l'âme individuelle. Le corps subtil (sûkshmasharîra) qui distribue la chaleur à l'ensemble du corps charnel s'étant retiré, le corps devient froid et ce n'est plus qu'un cadavre qu'il faut, soit brûler dans les plus brefs délais, soit au contraire conserver pour lui élever un mémorial, dans le cas assez rare de très grands saints.

 

Les actions individuelles qui détermineront la naissance suivante sont rangées sous une triple classification: l'âme de celui qui a mené une vie conforme à la Loi cosmique va au monde de la Lune (Candraloka) où elle jouit du fruit de ses bonnes actions, avant de retourner sur terre prendre une nouvelle enveloppe corporelle. "Elle effectue la redescente par le truchement de l'air, du nuage et de la pluie qui féconde la terre d'où jailliront en leur temps, le blé, le riz et autres légumes qui constitueront la nourriture du corps charnel, avant de devenir pour une part du sang, puis du sperme (purushbîja) qui, lors de la caresse amoureuse, sera lancée dans le ventre (strîgarbha) de la femme qui donnera ensuite naissance à l'enfant. Les plantes sont la nourriture de l'homme et l'âme individuelle entre à son tour dans le sperme masculin". Selon ses mérites accumulés, l'âme choisira une nouvelle naissance dans un milieu familial et religieux particulier.

 

Il existe, et c'est la seconde classification, une autre voie, celle des dieux (Devayâna), réervée à ceux qui durant leur vie sur terre ont essayé de réaliser l'unité du soi individuel avec l'être suprême (Brahman-âtman). Eux aussi passent par le monde de la lune. toutefois, ils ne reviennent pas sur terre à la fin d'un cycle. Il s'agit dans leur cas d'une délivrance graduelle (kramamukti), par opposition à celle plus rare des êtres pleinement réalisés qui eux obtiennent immédiatement la délivrance dès que le corps est tombé (sadyomukti).

 

Quand à l'âme de ceux qui n'ont pas correctement suivi les enseignements, qui n'ont pas mené une vie vie conforme à la Loi cosmique, elle n'atteint pas Candraloka et renaît dans des formes inférieures.

 

Lors de mon premier séjour à Rishikesh, en Inde du nord, je demandais à un moine yogi pourquoi il pratiquait la méditation et le hatha-yoga. Il n’eut pas l’air étonné et me répondit simplement qu’une vie n’est pas suffisante, pour réaliser l’ensemble de ses rêves. 

 

Le yogi est un initié, un chaman qui œuvre avec l’énergie et les éléments qui l’entourent. Le ressac incessant des vies successives, lui ont appris à être économe de chacune de ses actions, et si il ya bien quelque chose qui le caractérise, c’est l’impeccabilité de sa gestion. On n’a pas assez d’une vie pour tout connaître. Le yogi le sait bien. La pratique du yoga donne du temps devant soi... Gardez à l'esprit toujours "on recommence à partir d'où on est arrêté"...

 

 

 

Asso YOG'ART

 

 

 

Balasana posture de l'enfant

12/03/2014

Balasana posture de l'enfant

Adaptez les séances et/ou exercices et positions que nous vous proposons dans cette rubrique, à votre rythme. N'oubliez-pas de pratiquer avec régularité et à heures régulières. le yoga est sans effort, ni violent. les progrès de la pratique sont graduels et constants. Pratiquez Balasana de préférence le matin et/ou en soirée.

 

Asseyez-vous sur les talons (Vajrasana), allongez les pieds derrière vous, de chaque côté des hanches, redressez bien le dos. Posez les mains sur les cuisses.

 

Conservez la position quelques instants avec les mains sur les cuisses. Respirez calmement.

 

 

Expirez, penchez-vous en avant, placez les bras sur les côtés. retournez les mains vers le haut et rapprochez-les près des pieds.

 

"Vérouillez" le menton contre la poitrine. (Il existe plusieurs variations possibles: étirer les bras devant, croiser les bras sous le front ou tourner la tête sur le côté.)

 

 

Les bienfaits de la position:

 

Balasana est une position de relaxation, elle procure calme et détente.  La pratique régulière tonifie, assouplit le dos et la colonne vertébrale, et permet de travailler sur l'ouverture des hanches et la mobilité des genoux.

 

 

 

 

Asso YOG'ART

 

 

 

 

 

 

 

 

Yoga-Nîdra

12/03/2014

Yoga-Nîdra

Le Yoga Nidrâ signifie le yoga du sommeil. Il s'agit, ne nous trompons pas d'un yoga royal, d'un véritable couronnement de toute une vie de pratiques. En effet ce yoga tente d'explorer les terres restées encore vierges de notre inconscient. Il cherche à bâtir un phare sur les côtes lointaines de notre monde de veille pour y éclairer l'océan de nos rêves.  Mieux encore il nous embarque sur des navires de haute mer en partance pour nos nuits les plus profondes.

 

L'espoir et l'envie de la découverte étant les plus forts, l'adepte au Yoga Nidrâ s'éloigne de la terre ferme et de ses attaches familières pour aller chercher les secrets les plus intimes de l'être.  Ils sont parmi les plus jalousement gardés, les plus extravagants et les plus incroyables aussi. Dans ce vaste champ empreint d'une douce torpeur, dans ce sommeil paradoxal, l'espace et  le temps se confondent volontiers pour s'ouvrir sur une autre dimension.

 

Au fur et à mesure que la côte du monde connu s'éloigne, le yogi voyage résolument dans un monde devenu onirique et son exploration devient irrémédiablement celle de sa propre mémoire. En ce sens le Yoga Nidrâ est une formidable machine à remonter le temps, une quête de notre état originel. Chaque voyage entrepris consciemment à l'intérieur de ce nouvel espace-temps est comme de la mémoire qui s'actualise, une partie de notre être le plus profond qui se dévoile, enfin autant de connaissances magiques qui se « rêvèlent ».

 

Le Yoga Nidrâ signifie le yoga du sommeil. Il s'agit, ne nous trompons pas d'un yoga royal, d'un véritable couronnement de toute une vie de pratiques.

 

 

 

 

Différentes techniques permettent d'entreprendre ce formidable  voyage intérieur :

 

En premier lieu, il convient de préparer sa nuit pendant la journée. Comme on fait son lit, on se couche. Il faut répéter des exercices de concentrations particuliers qui devront être rejoués pendant la nuit. Les postures sont également les bienvenues, elles augmentent le niveau d'énergie et la fréquence vibratoire. Les exercices de  prânayama sont également très utiles, ils chercheront à inscrire la légèreté ainsi qu'à préparer un souffle subtil durant le sommeil.

 

En deuxième lieu, il faut fragmenter sa nuit en plusieurs phases d'endormissement et de réveils. Certains exercices ultimes préconisent de dormir à terre sur un simple tapis, pour rendre le sommeil plus précaire. Enfin, pendant ces nuits,  il convient d'étendre le plus largement possible la frontière ténue entre l'endormissement conscient et le sommeil lui-même. Cette interpénétration entre le sommeil inconscient et l'exercice de la conscience donne la part belle à celle du rêve. Les rêves doivent devenir plus prégnants, plus vivants. Il est alors possible d'obtenir un premier succès dans cette voie : il s'agit de devenir conscient dans son rêve sans pour autant se réveiller ni faire cesser le cours du rêve. Recouvrant la pleine conscience le yogi se « réveille » dans son propre rêve sachant parfaitement qu'il rêve. Cela est prodigieux et ajoute un plaisir immense au rêve. Le yogi expérimente une liberté nouvelle, celle d'être conscient dans son rêve.

 

Plus loin encore dans cet exercice il est possible de contacter à distance des personnes connues, des personnes défuntes ou des divinités magiques. Il est très difficile d'expliquer cela, mais le yoga des rêves sans conteste permet de voyager au sein de Buddhi appelé aussi Mahat  ou le Grand Principe. Il s'agit du premier tattva impersonnel dans la hiérarchie du système énergétique de la Kundalini. Dans cette sphère règne une énergie affective intense. Elle est principalement activée par les résidus karmiques des actes accomplis sur terre.  Ce champ d'investigation reste sujet à caution, mais pour le yogi qui expérimente le sommeil conscient il est tout aussi réel que le monde de veille. Plutôt que d'en parler et de spéculer, il convient plutôt de l'expérimenter.

 

Enfin après de nombreuses pratiques et plus sûrement encore après plusieurs années passées dans les exercices répétés du Yoga, l'adepte comprend qu'il existe une continuité entre nos trois états de conscience ordinaire soit le monde de veille, de rêve et de sommeil profond. Il s'agit d'un quatrième qui les contient tous et qui les transcende. Il est nommé Turya Tittà, le quatrième état. Dans cet état particulier le yogi garde toujours la conscience d'une sorte de mémoire qui sous-tend les trois autres. Il n'y a plus vraiment de frontières marquées, bien délimitées entre le rêve, le sommeil et l'état ordinaire de la conscience. Ce quatrième  état signifie aussi que toutes nos activités, nos pensées, nos désirs sont suspendus dans un vide qui les contient tous. Cet état sans véritable support fait comprendre à l'adepte du Yoga Nidrâ qu'en vérité la possession matérielle est une illusion. A ce titre nous sommes arrivés dans ce monde sans rien et nous en repartirons également les poches vides. Lorsque nous retournerons à notre état profond et immémorial, nous ne pourrons y emporter aucun des objets matériels qui semble tant nous préoccuper de notre vivant. Dans cette logique,  comme le sommeil se confond avec le rêve et l'état de veille, il n'est même pas affirmé que nous soyons vivants plutôt que morts, ces états sont tous autant transitoires que celui de nos jours et de nos nuits.

 

 

 

 

Cette logique conduit également à une nouvelle proposition audacieuse, le monde de veille tel que nous le connaissons ordinairement ne serait en réalité qu'une continuité de notre état de rêve. Il s'agirait seulement d'un rêve éveillé, mais sans que l'on sache que l'on rêve. En effet celui qui sait obtenir la conscience de veille pendant le rêve peut tout autant faire pénétrer l'état de rêve dans celui de la veille. Cet état est encore plus prodigieux car il décuple l'état de conscience d'une façon inimaginable.

 

N'oublions pas que c'est notre manque d'imagination qui nous limite et nous illusionne, le jugement que l'on a de soi n'est bâti que sur des croyances que l'on a fait sienne sans que l'on en ait vérifié leur véracité. Lorsque seule la sensation demeure, affranchie de toutes croyances, elle devient la réalité.

 

 

 

Michel Chauvet

avec l'aimable autorisation de yoganet

 

 

L'idéal du Sâddhu

12/03/2014

L'idéal du Sâddhu

La règle fondamentale du sâddhu est de n’avoir aucun désir, ou plutôt, de n’avoir qu’un désir, le désir de Dieu seul. Il ne cherche donc aucun des plaisirs que procurent les choses de ce monde. Aussi longtemps qu’il vit dans ce corps de chair, il lui faut de la nourriture pour sustenter ce corps, de l’étoffe pour le couvrir et le protéger du froid et de la chaleur. Pour sa nourriture, la règle est qu’il doit la prendre comme on prend un remède, jamais pour le goût, juste comme une nécessité «indispensable pour le maintien du souffle vital».

 

Le régime est strictement végétarien. La Mundaka Upanishad recommande en outre la pratique de la bhiksha, c’est-à-dire de vivre uniquement de nourriture mendiée. En fait, le sâddhu n’a pas de maison où il pourrait garder le feu, et d’autre part, même cette distraction de préparer les aliments devrait lui être épargnée.

 

L’absence totale de sécurité et de toute installation en ce monde est l’essence même du sâddhu. Finalement le sâddhu n’a plus d’acte à accomplir (de karma), il a été libéré de tout devoir en ce monde. Même envers son corps. Il ne peut plus gagner sa vie, car toute son activité est concentrée sur le regard intérieur.

 

Sa pauvreté tout autant que sa liberté souveraine se manifeste dans son vêtement. Le sâddhu couvre son corps comme il se nourrit. Le vêtement diminue au fur et à mesure que son porteur s’enfonce dans l’expérience intérieure. Finalement, le sâddhu se contente d’un linge passée entre les cuisses (kaupînam), ou mieux encore, rien du tout.

 

 

 

Libre de tous soucis et de tous désirs, le sâddhu s’en va à travers le monde comme quelqu’un qui n’a rien à faire avec ce monde. Rien ne l’affecte. Il est comme un aveugle, un sourd et muet disent les tantras (textes anciens et sacrés). Il ne se considère ni au-dessus, ni au-dessous de qui que ce soit. Dans sa vision de l’âtman du Soi, il a transcendé tous sens de différence.

 

Le sâddhu n’a plus de demeure à soi, il va de lieu en lieu, selon les circonstances et l’inspiration du moment. Au pied d’un arbre, dans une grotte, au bord d’un fleuve, mais jamais dans une maison aménagée. Les seuls lieux qui lui sont défendus sont ceux où il a vécut auparavant et ceux enfin où il pourrait rencontrer ses parents ou ses relations d’autrefois. Les écritures lui permettent cependant d’arrêter son errance durant les quatre mois de la saison des pluies.

 

Encore une fois, la hutte ou la grotte où il se retire alors doit être juste ce qui est indispensable pour le mettre à l’abri des intempéries.

 

 

Le sâddhu a renoncé à la vie en société et à la compagnie des hommes. Son appel à lui est ailleurs, d’autres ont à s’occuper des affaires de ce monde. Le sâddhu lui, se tient près de la Source. Ce n’est point son affaire de s’occuper des barrages et canaux d’irrigation qui se construisent en aval. Son travail à lui, c’est de veiller à ce que l’eau coule à flot de la Source même.

 

Le sâddhu n’a aucune obligation d’aspect visible et mesurable envers la société humaine. Pour le sage qui a découvert son vrai Soi, il n’y a plus finalement ni ville ni forêt, ni vêtement ni no-vêtement, ni faire ou non-faire. Il vit dans la liberté de l’Esprit, et à travers lui, à son gré.

 

Quand le sage a passé au-delà de «son propre soi», de sa «propre vie», son être, son agir, sa paix, sa joie, sont dans le Soi seul, le seul Soi réel, le parama-âtman. Tel est le véritable idéal du sâddhu.

 

 

 

 

Asso YOG'ART

 

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